Aux Jeux Olympiques, les sportifs Français qui pratiquent le cyclisme sur piste brillent et remportent médailles sur médailles. Malheureusement, les médailles d’or ne rapportent pas d’argent, voire très peu et c’est justement le paradoxe de cette discipline. Rappelons que les championnats du monde du cyclisme sur piste se sont déroulés du 18 au 22 février dernier à Saint-Quentin-en-Yvelines.
Michaël D’Almeida : vice-champion de pousruite
Oui, les champions olympiques Français de cyclisme sur piste sont fauchés à l’image de Michaël D’Almeida qui est revenu vivre chez ses parents avec sa femme et ses enfants. Michaël D’Almeida est pourtant vice-champion olympique de poursuite, mais malgré ce titre prestigieux, il peine à joindre les deux bouts.
Grégory Baugé : doublement médaillé d’argent
Grégory Baugé a remporté deux médailles d’argent aux JO de Londres, mais il n’est pas du genre à flamber. Les seules grosses sommes qu’il a pu gagner lui ont permis de payer sa maison, mais sans plus. Ceci signifie que même en accumulant les médailles au cyclisme sur piste, les sportifs restent fauchés. Rien de surprenant en sachant que la prime pour le bronze aux Mondiaux de Copenhague en 2010 frôlait à peine les 800 euros.
François Pervis : champion du monde
Autre champion qui n’a toujours pas vu la couleur de l’or, François Pervis. Il a remporté le championnat du monde de Cali, en Colombie en 2014, mais cela ne lui a pas ouvert les portes de l’Eldorado. Le champion reconnaît que son niveau de vie s’est amélioré, mais son salaire, lui, n’a pas bougé d’un centime. Pour démontrer au public à quel point les pistards Français travaillent dans de piètres conditions, François Pervis avoue qu’il en a eu pour 200 euros hors forfait après ses records au Mexique alors que du côté des pistards Anglais, c’est la fédération anglaise qui leur paie le forfait téléphonique.
Les Anglais : la référence du cyclisme sur piste
Les pistards Anglais sont pour les Français la référence dans le cyclisme sur piste. Non seulement ils gagnent beaucoup d’argent (six fois plus que les Français), mais ils ont à leur disposition des vélodromes, des diététiciens, sept mécaniciens et une équipe qui leur garantit un soutien financier permanent. Quand les JO se déroulent à Pékin, les Anglais ont les moyens de reproduire les conditions climatiques dans leur vélodrome de Newport ce qui leur donne plus de chance de gagner. Oui, les Français envient bien les pistards de la puissante team Sky dont un membre, Christopher Froome, a remporté le Tour 2013.
Peter Keen : l’homme qui a permis aux pistards Anglais de gagner beaucoup d’argent
Peter Keen est l’homme qui a inventé le système de financement du sport d’élite britannique. Son idée a été d’investir une fraction des sommes misées à la loterie nationale au mouvement sportif. Grâce à ce système, l’argent est entré par la grande porte.
Soulignons qu’un pistard britannique susceptible de gagner aux JO peut espérer toucher dans les 60 000 euros par an. Une somme qui leur permet de vivre confortablement avec les soucis matériels en moins et les sponsors qui affluent à leurs portes. Ce qui est au total opposé de ce qu’endurent les pistards Français qui en plus de gagner mal leur vie doivent démarcher les sponsors eux-mêmes.
Selon Cyrille Jacobsen, directeur marketing de l’Union cycliste internationale, le cyclisme sur piste est perçu comme une discipline vieillotte en France et c’est semble-t-il pour cela qu’elle n’attire ni le public ni les sponsors.
Le keirin : l’Eldorado du pistard fauché
Pour les pistards fauchés que sont les Français, l’eldorado porte le nom de keirin. Il s’agit d’une épreuve de piste japonaise pour laquelle, le public peut parier sur les coureurs. Les chanceux sélectionnés devront passer un diplôme avec de la théorie et des entraînements à la japonaise. Frédéric Magné et François Pervis sont les pistards Français à avoir tenté l’aventure.
Le public pour les sauver
Pour aider les pistards, le vélodrome des Yvelines a été mis à leur disposition. La fédération propose aussi à chaque badaud de faire leur baptême de piste en compagnie d’un pistard pour la modique somme de 18 euros par heure. La somme amassée sera ensuite versée aux coureurs ce qui leur permet de gagner entre 5 000 à 10 000 euros de plus par an. Certains coureurs ont par contre choisi le crowdfunding pour trouver des fonds.
Les pistards ne sont pas les seuls à être fauchés
Chers pistards, rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls à être fauchés. En effet, selon un rapport sorti le 18 février, plus de 40% des sportifs Français touchent moins de 500 euros par mois de leur activité. Le secrétaire d’Etat aux Sports, Thierry Baillard, essaie alors de trouver une solution pour que les sportifs de haut niveau puissent avoir les meilleurs financements et une couverture sociale.
En savoir plus sur le rapport sorti le 18 février sur : http://www.sports.gouv.fr/Karaquillo/Karaquillo_Rapport.pdf